Hello!
Je suis venue vous raconter un peu plus en détail comment ça s'est passé. Je n'ai pas pu le faire avant car c'est rare que je puisse me connecter autant de temps que je veux.
Pour ceux qui ne me connaissent pas, je me suis faite violer de 16 à 18 ans par mon prof de musique. Aujourd'hui j'ai 22 ans et je suis étudiante. Entre 6 et 18 ans, pendant les faits donc, ce connard m'avait tellement bien manipulé que je comprenais pas ce qui se passait. Je savais que ça me faisait du mal, mais bon j'étais trop naïve pour réaliser, enfin non plutôt j'étais trop choquée pour pouvoir accepter que ce qu'il me faisait ça s'appelait "viol" et que c'était puni pour la loi. En y repensant, je me dis que faire l'autruche était àl'époque pour moi un moyen de survivre car la réalité était trop difficile à supporter.
Pour mettre un terme à tout ça, je suis partie à l'étranger. Une fois à l'étranger, la vérité m'a éclaté à la gueule et ça a fait mal. J'ai arrêté de me censurer, et j'ai réalisé ce qui s'était passé, et là ça a été horrible, je me suis de + en + enfoncée ds la déprime et finalement à 19 ans et demi je suis rentrée en France avec l'intention de porter plainte contre ce connard. J'ai commencé toutes les démarches (enfin j'ai commencé par voir un avocat), mais d'un coup j'ai pris peur, peur de lui, peur de ne pas être assez forte, alors j'ai décidé de tout arrêter. Je voulais me concentrer sur mes études et je me suis dit que si j'arrêtais de penser à cette putain d'histoire tout irait mieux. Alors j'ai refoulé pendant 2 ans. Enfin j'y pensais toujours, mais je ne me le permettais pas. Et là depuis octobre je suis de nouveau à l'étranger. Et j'ai recommencé à y penser, à me demander pourquoi j'avais pas porté plainte, à me dire que ce salaud était libre et que ma vie était en partie brisée. ça m'a foutu les nerfs!!! Alors cette fois j'ai pris ma décision: porter plainte!!! Pour qu'il soit puni, pour que je sois reconnue victime, pour pouvoir avancer, me libérer!!!
Depuis octobre je ne pensais plus qu'à cette plainte mais je ne pouvais pas rentrer en France avant les vacances de Noël. C'était horrible car au début j'étais contente mais au fur et à mesure je ne pouvais plus me concentrer sur mes études, comme c'est souvent le cas quand j'y pense beaucoup. Et puis j'avais de plus en plus mal au ventre, envie de pleurer dès que j'étais seule. La grosse angoisse!
Mais ça y est, mardi dernier j'ai porté plainte. Le policier m'a tout de suite mise à l'aise et ça m'a beaucoup étonnée. Je lui ai parlé sans retenue, je voulais lui donner le plus de détails possible pour qu'il coince ce salaud! Et je lui ai même parlé de choses dont j'ai terriblement honte, de certaines conséquences de mon abus ou de faits qui se sont déroulés entre 16 et 18 ans et pour lesquels je me sentais coupable, comme le fait d'avoir écrit des lettres d'amour à mon agresseur. Le policier m'a dit que je ne devais pas avoir honte, que ça montrait l'emprise psychologique qu'il avait sur moi. Il m'a dit que P. (le connard) est un maso et un pervers. le policier m'a assuré qu'il me croit. ça m'a fait un bien fou. J'ai dû retourner 2 fois au poste de Police. ça s'est bien passé. Juste quand un des policiers m'a demandé pourquoi je suis retournée voir le connard au tout début des faits, malgré que ça ne me plaisait pas, je n'ai pas su lui répondre, ça m'a énervé et je me suis mise à pleurer. C'est horrible, je m'en veux trop!!! Pourquoi j'y suis retournée??? Et il m'a aussi demandé si j'avais déjà eu envie du connard. Franchement je sais plus.... Je crois pas, mais si c'était le cas (ce que je crois pas) est-ce que ça fait de moi une salope???
Depuis que j'ai porté plainte, je suis très contente d'avoir fait ce pas. Je sens que la Police s'occupe bien de mon affaire. Il va y avoir une enquête, et une confrontation, quelle horreur!!!!!!!!!! Je veux pas le voir!!!!!!!!!!!!!!
Je me sens un peu mal malgré tout car j'ai peur qu'ils ne me croient plus après avoir entendu certains témoignages. C'est vrai qu'à l'époque il m'est arrivé de parler de P. à des copines et de ce qui se passait mais en enjolivant tout, en disant que c'était une histoire d'amour, parce que j'avais besoin d'en parler pour me libérer, mais j'avais trop honte de dire la vérité. A l'époque je faisais même une thérapie, je parlais de P. à ma psy, mais je cachais tous les éléments négatifs. Je voulais qu'elle m'aide à supporter cette situation et qu'elle m'aide à trouver une solution mais sans lui dire ce qui se passait réellement. Alors la question que je me pose c'est: va-t-elle me soutenir? croit-elle à ma version? ou est-ce que pour elle je fabule?
j'ai pas fini mon message, je fais une pause et je continue dans un autre message. a toute.